dimanche 7 mai 2017

Chapitre 1




Nimbin, 28 mars de l'an mille huit cent vingt sept

En ces jours pluvieux, le moral est à l'écriture et au partage.
Il y a un grand pas entre ne rien faire par choix et ne rien faire par cause naturelle. L'un repose, l'autre ennuie et peut rendre fou par la même occasion. Monsieur M. semble bien placé pour confirmer cette théorie. Un esprit comme le sien m'inquiète un peu, je dois l'avouer. Tout le quartier l'évite aujourd'hui. Sa moustache n'a de cesse de repousser les limites de l'arrogant égoisme.
Mais ce n'est pas pour cela que je t'écris.
Il y a une raison bien plus pressante que de simples comportements humains.

Autrefois, ta tante qui me connait bien m'a appris le sens de la bonté humaine. Il n'y a de répit dans l'illusion que nous apporte le besoin des autres. Oh, je m'égare encore. Mes classes de philosophie me pourchassent encore, malgré toutes ces années.

Voilà deux mois que nous sommes arrivés, Mlle Sophie et moi-même, en Australie. Comme je te l'avais précédemment écrit, l'appel du nouveau monde et les mystères qui l'entourent ont fait résonnance en nous.
Ce continent presque vierge d'humains a une aura indescriptible. Comme un sentiment de malaise. Un peu lorsque, te souviens-tu, nous étions petits et qu'insouciants des responsabilités, nous alertions les brigadiers du feu d'un faux départ d'incendie. Te souviens-tu des remontrances et des leçons de morale de monsieur Q. ? Elles duraient des heures et nous sentions ce même malaise que je t'evoquais plus haut, mélange d'amusement et de regret. Ah ça, les vastes distances entre les colonies ici nous laissent le temps de repenser à d'autres temps.

Lors de notre arrivée dans le port au sud de la Côte Dorée, après de longues semaines de voyage sur le bateau, nous avons été accueillis par la femme de mon cher ami Russell. T'avais-je déjà parlé de lui ? Je l'avais rencontré lors de ma première expédition australe. Apres quelques temps à aider à la construction de la colonie d'Alexandre, j'avais noué une amitié profonde et sincère avec cet homme. Nous étions depuis restés en contact épistolaire régulier au travers des océans. C'est pourquoi je l'avais prévenu de notre arrivée, Mlle Sophie et moi. Mlle Jeanette, sa femme, charmante à presque tout égard, nous a amenés jusqu'aux collines de Nerang. C'est là que sied leur maison. Entourée de palmiers et d'oiseaux tous plus différents de quoi que ce soit que tu puisses rêver. Certains, de la famille des perroquets, se partagent la panoplie intégrale des couleurs. Les cacatoès crient à s'en briser les cordes vocales, et si tu me permets l'expression, nous cassent également les oreilles. La vie sauvage est remplie de belles surprises et de quelques frayeurs, mais j'y reviendrai plus tard.

De ces collines, nous pouvions presque apercevoir l'océan et ses étranges pratiques sportives. Croiras-tu que les colons, après leur dure journée de labeur quotidien, utilisent une sorte de planche de bois pour glisser le long des vagues ? J'ai du mal à croire que ce sport puisse un jour arriver sur les cotes françaises. J'ai par contre une profonde admiration pour leur talent quant à se redresser et tenir debout sur leur planche. Pendant plusieurs dizaines de secondes, leurs cheveux longs volent au vent, les bras écartés en signe d'équilibre, et le sourire s'accroche sur leur lèvres.

Notre première occupation fût de trouver une calèche ou un chariot pour que nous puissiâmes alors nous déplacer. Fort heureusement mon ami Russell connait bien l'endroit et nous fûmes bienheureux de trouver une calèche rapidement. Il y avait quelques menus travaux à réaliser, mais dans l'ensemble, elle paraissait en bon état. Nous avions alors beaucoup de difficultés à nous décider sur le moyen de l'aménager et nous disputions beaucoup les solutions. Mais nous pouvons maintenant l'appeler, avec amusement, notre maison sur roues. Et pour améliorer notre confort, au vu de nos compétences de novices, nous avons réalisé un travail respectable. Nous avons trouvé de quoi nous faire un lit de fortune et une lampe à huile pour la lecture de Mlle Sophie. Elle est incroyable, elle dévore chaque livre avec un appétit gargantuesque. Elle a même fait l'acquisition de plusieurs livres écrits en langue anglophone. Les lire, lui a fait savourer sa compréhension grandissante jour après jour, et à la fin du premier, elle eut un regard rempli de fierté d'avoir réussi sans trop de difficultés. Pendant que je vacquais à mes occupations quotidienne, Mlle Sophie lisait. Elle pouvait finir un ouvrage en quelques jours. Et mon admiration grandissait à chaque seconde. Je ne connaissais pas ce coté d'elle.
Mais au bout d'un moment, nous commençâmes à ressentir une certaine gêne venant de Mlle Jeanette. Nous l'aidions à ses tâches quotidienne, mais à chaque fois que nous nous croisions, nous ressentions un trop plein d'energie mal orienté. Quelque chose la turlupinait, et nous pouvions sentir que nous étions pour quelque chose là dedans. Après une longue discussion, nous décidames alors de nous en aller, avec notre roulotte. Nous avions visité les grands bâtiments fabriqués par les premiers colons de la Côte Dorée, en l'an mille huit cent vingt trois, il y a de cela quatre ans quand Mr le capitaine John Oxley vint par la plage des sirènes, "Mermaid Beach". Nous avons également vu la construction du futur grand port du Sud, "Southport". C'est ici qu'ils comptent sur la future importation des matériaux pour la l'amélioration de Redcliff Point, une nouvelle colonie demandée par Mr Huxley, lorsqu'il a nommé la rivière Brisbane. Quoi qu'il en soit, nous en avons vu assez, et l'ambiance assez tendue entre mon ami Russell et sa femme, nous pousse à partir le plus rapidement possible.

Je reprendrai la plume prochainement, lorsque je saurai où trouver le papier pour t'écrire. Ma réserve d'encre est assez conséquente, mais le papier est rare dans ces terres sauvages. Lorsque nous étions enfants, à la Rochelle, te souviens-tu comment nous nous battions pour récupérer les lettres que nous apportait Mr le Postier ? Ce même sentiment m'habite toujours aujourd'hui lorsque je recherche du papier.

Je finirai cette lettre sur une pensée bien plus personnelle. Un ami, un jour m'a dit "le meilleur professeur que tu puisses avoir est l'expérience, et non pas au travers d'un point de vue détourné de quelqu'un". Il s'appelait Jack. Jack Kerouac.  Un jour on écrira sur cet homme. Je dois dire que ce que je vois de mes propres yeux, étant sur la route, je ne peux le décrire tant mes mots déformeraient la pure vérité. Rien ne vaut le fait de le vivre soi-même. Rien ni Personne ne pourrait exprimer en quelques mots, ou bien même en milliers, ce que Mère Nature a mis des centaines de millions d'années à créer. Je ne peux qu'espérer, à défaut de le vivre véritablement et de voir de ses propres yeux, que quelqu'un saura un jour capturer la réalité et la transposer telle quelle sur papier. Doux espoir d'un voyageur sans prétention.




“The best teacher is experience and not through someone's distorted point of view” - Jack Kerouac "On the road"

lundi 24 octobre 2016

Message du Futur




Peuple du 21e siècle, ne t'inquiète pas.

L'humanité va bien et ne tend qu'à aller vers du mieux à chaque instant.

Mon arrière arrière grand-père vivait dans les années 2000 et nous a laissé son témoignage de ce qu'était ce monde révoltant, révoquant toute sympathie envers l'autorité d'un monde qu'il écrit dépassé.
Ses mots ne sont pas mâchés et, mis en rapport avec ce que nous connaissons de votre temps, nous le croyons.

Mais malgré ce que tu penses, dans ton quotidien, qui est notre passé, cela va s'arranger.

Concentre toi sur qui tu es vraiment.

Tu es notre inspiration lumineuse, celle qui nous a permis de refaçonner le monde à l'image de tes pensées, que tu croyais utopistes.
Mais c'est notre réalité aujourd'hui.
Et grand bien nous fasse.

C'est pour cela que nous jugeons qu'il est temps de te remercier.

Première chose, d'après le témoignage dont je te parlais, il paraîtrait qu'une haine existe entre les différentes ethnies de ton monde.
Les cultures ne s'accordent pas, ne se comprennent pas, ne veulent faire aucune concession.
Ce que nous en savons, c'est qu'à votre temps, quelques humains ont fait fortune et que l'argent leur est monté à la tête.
Toujours plus. C'est là que le bât blesse.

Ces quelques hommes ont pillé la planète, car ils le pouvaient.
S'en suivirent des horreurs inavouables.
Des massacres en masse de populations entières, des terres non fertiles polluées, des animaux trucidés jusqu'à l'extinction.

Rassure toi, l'Homme a survécu. La planète s'est régénérée et grâce aux connaissances génétiques d'aujourd'hui, les animaux éteints ont été réveillés.

Tu devrais voir les plaines de ce que tu appelais « Canada », remplies de cougars blancs marchant au milieu des mammouths. Les dodos revenus à la vie survolant les dauphins de Chine. Les rhinocéros noirs courant de leurs pas patauds aux cotés des tigres de Java, descendants des tigres à dent de sabre d'autrefois.

Ces hommes riches de ton temps ont créé ce que nous appelons l’Ère Capitaliste Sombre.
Ne te méprends pas, le capitalisme aussi a survécu, mais il a évolué vers plus d'humanité et d'échanges locaux.
Mais ton époque a oublié l'importance de chacun. Utilisés comme des outils, les hommes ont bien évidemment craqué, comme tout matériel.

L'Homme a alors fait la seule chose qu'il imaginait pouvoir faire : se révolter.

Mais l'homme riche n'a pas voulu accepter ça. Les grandes périodes de répression commencèrent.
Vous aviez enfin la technologie et la communication pour vous rendre compte que chaque être humain dans ce monde souffrait. Et vous n'arriviez plus à l'accepter.

Nous vous remercions de ce moment de lucidité dans vos cœurs. Nous vivons grâce à ça. Grâce à cet élan d'Humanité. Ce virage historique et sans précédent dans la conscience de l'espèce humaine.

Les peuples ont alors commencé à se retourner contre leurs dirigeants.
Certains ont accepté et compris, d'autres n'ont pas eu la même démarche.
On traitait les gens de « rebelles », de « terroristes », « d'illuminés » ou même « d'extrémistes ».
Mais comprends bien que chacun ne souhaitait qu'améliorer son quotidien.

Nous ne justifions pas les moyens utilisés, seulement, à ce moment-là, seule la violence pouvait faire réagir.

Vous n'aviez pas encore développé l'empathie qui nous est propre, nous, espèce humaine.

C'est grâce à ce que vous voyiez chaque jour que vous vous êtes insensibilisés et que les consciences se sont réveillées.

Toi et tes contemporains avez organisé des rencontres, des échanges et des partages.
Et chaque jour, venaient de plus en plus de personnes convaincues du bien-fondé de l'entraide.

Ceux qui avaient créé le monde dans lequel tu vis, n'ont pas voulu que cela change.
Ils voulaient rentrer dans l'Histoire, c'est chose faite. Mais pas de la manière dont ils le souhaitaient.
Le XIXe, XXe, et XXIe siècle sont les périodes les plus sombres de l'Histoire humaine, depuis le Moyen-Âge.

Aujourd'hui, nous avons une journée de mémoire en votre honneur.
Nous nous asseyons, et nous parlons pour le plaisir simple de parler. Nous nous remémorons les erreurs et les choix qui ont été faits.
Peut-on dire que les choix de vie de votre temps ont été nécessaires pour que vos petits-enfants et leurs petits-enfants vivent confortablement et en harmonie avec la nature régénérée ?
Nous en discutons pendant des heures, car nous pleurons cette époque triste et douloureuse dans laquelle vous êtes, non par choix, nés.

Le monde d'aujourd'hui n'est plus qu'un seul pays. Il n'y a plus de frontières. Chacun est libre de ses choix. L’ego a été apprivoisé dès la plus tendre enfance de chacun. Et tous participent à ce monde citoyen. Nous ne manquons de rien, et nous trouvons chaque jour de nouveaux matériaux, dispersés dans la galaxie que nous avons en partie visité.
Chacun a accès à son énergie propre, libre et indépendante. C'est à la responsabilité de tous que nous vivons.
Depuis que nous ne maltraitons plus la Terre, elle nous le rend avec de sublimes jardins partagés et raisonnés par et pour tous. Ce que nous mangeons est en accord avec notre envie saine de vivre.
Il y a tant à faire à chaque instant pour continuer d'améliorer notre bonheur.

Nous sommes immunisés des maladies de ton temps comme l'avidité, l’égoïsme et l'égocentrisme ainsi que de la peur.

Nous voulions vous remercier, car grâce à vous et chacune de vos actions, même minimes et infimes, nous sommes en vie.

Nous vivons en paix dans une harmonie créée par chacun.

La simplicité nous sied.

Nous n'en voulons pas plus.

mardi 27 septembre 2016

Message d'humanité



Bonsoir, il est un peu tard, mais je me rends compte que cela faisait longtemps que je ne t'avais demandé comment tu allais.

Alors voila, comment vas tu ?

Je te dois des excuses également, je ne t'ai jamais demandé comment tu t'appelais.

Moi c'est la Tortue, je vogue au gré des vents, me laissant porter par le doux flot de cette vie.
J'aime apprendre à chaque instant et j'aime rencontrer pour continuer d'apprendre à chaque instant.
J'aime l'Amour et la Solitude, partagée autant qu'accompagnée. Et pour cela, je suis fervent de lecture, plus précisément de celle qui fait rêver et voyager.
J'aime ressentir les énergies qui circulent et celles qui s'échangent entre personnes simples.
J'aime également pouvoir dire aux gens que je les aime, même ceux que je rencontre à chaque instant.
Je suis amoureux du don de chacun et du talent qui s'en Inspire.
J'aime me réveiller, et penser aux choses réellement importantes de ma vie.
Ma famille, mes amis, et ceux que j'appelle la " F'amis ", ces gens réels qui savent au fond d'eux-mêmes ce qu'est la plus belle chose à mes yeux : leur Vie propre.
J'aime pouvoir respirer et me dire que chaque bouffée d'air de plus m'emmènera un peu plus loin aujourd'hui.
J'aime penser que cette bouffée m'emmène un peu plus près de toi, et que je pourrai te sourire.
J'aime imaginer que tu n'en seras pas agressé et que tu me souriras en retour, passant à coté de moi, sur la propre route de ta vie.
Marcher lentement me permet de regarder autour de moi, de laisser mon cerveau se distraire pour que je puisse réfléchir calmement. Et ton sourire est vraiment la plus belle distraction qui soit.
J'aime cela.

J'aime, cela me résume bien.

L'équilibre qui en surgit est un chemin de bonheurs tristes et heureux.

Plus important, ce que j'essaye de te dire, c'est que nous sommes tous fatigués de vivre dans un monde qui ne veut pas de nous.
Mais ce monde n'est ni ce que l'on voit sur des écrans rectangulaires, ni ce dont nous avons peur.
Ce monde dont je te parle, c'est celui où chacun peut se reposer sur son prochain, parce que nous savons que nous ne nous voulons pas de mal.
Ce sourire dont je te parlais en est la preuve.
Tes yeux lorsque tu souries, ne mentent pas.

Tu es quelqu'un de bien. Une belle personne qui peut mettre son énergie où elle le souhaite.

Cela n'aura ni changé ta vie, ni la mienne, mais aura apporté deux secondes de repos, qui affecteront sûrement le reste de notre journée respective.

J'aime l'idée que tu puisse sourire en lisant ces mots dénués de tout sens caché.
Je serai heureux d'apprendre à te connaitre, de pouvoir contempler le don qui t'habite et créé ton talent, propre à toi même.

Le mien est de rencontrer les gens pour apprendre d'eux.

Je n'attends rien de toi si ce n'est savoir comment tu te sens en ce moment, après les épreuves que tu as dû traverser.

Profite d'une belle nuit et une belle journée remplie de bonnes ondes venant de l'univers tout entier qui t'offre son Amour à chaque seconde.

Paix et calme d'esprit sont deux maîtres mots parmi tant d'autres.
L'Amour est un chemin, parmi tant d'autres.

Je crois en Toi.

mardi 30 juin 2015

C'est tout droit !


Ce chapitre, car étrangement rempli de souvenirs divers, se comportera comme un chapitre normal.
Avez vous déjà vu un désert d'arbre ? Avez vous déjà été dans un désert auparavant ?
Moi jamais.
Nullarbor Plain, la plaine sans arbres. Du latin, Nullus, Zero, et Arbor, Arbres.  Zero arbres.


Ben c'est pas vrai de partout. Il y en avait pas beaucoup, mais seulement une centaine de kilomètres sans rien aux alentours. Sur 2000km, c'est pas grand chose.
Tout a donc commencé le soir de retrouvailles avec les français, qu'on nommera Alex, Deborah et Jerome pour garder leur anonymat. Ce soir précis où nous nous sommes retrouvés au début de la longue ligne droite.

Alex veut retourner au dessus de Perth, à Exmouth. A l'ouest. Nous partons à l'Est. Au petit matin, après une alchimie de reflexion au coeur d'Alex, il demandera a WoonJa si il peut se joindre à nous, sentant que l'Est l'appelle. Nous avons finalement un 3e comparse dans la voiture. Nous voila donc bien, prêts à partir.


Jérome et Déborah sont autant ravis que nous.
1ère journée,  il fait chaud, très chaud, mais vraiment très chaud. Surtout avec notre départ à 9h30 qui n'aide pas la fraicheur matinale. Je conduis un peu avant de m'effondrer à l'arrière pour dormir. Le vent chaud me fait cuire, et je me sens très mal dès la 2e étape.
Ah oui, précision, chaque étape se compose de 200km de route, où une "ville" composée d'une station service et d'un motel miteux apparait. Entre, il n'y a que la route droite et ennuyante. A chaque etape nous essayons de contourner la restriction d'eau pour s' arroser le visage d'eau pas forcément froide, et en profitons pour remettre un peu d'essence. Il est impossible de prévoir si la station suivante aura de l'essence ou non, dû à leur isolement au milieu de nulle part. Et plus nous avançons, plus le prix de l'essence grimpe. Il me semble que le plus cher que nous ayons vu était de 2$ le litre. Forcément il n'y a qu'eux à l'horizon. Autant en profiter.


Nous arrivons enfin à la soirée qui s' annonce plus fraiche, et nous posons notre camp au milieu du bush. Précisement là où nous faisons la rencontre des araignées et des scorpions. Nous sommes dans un desert, et bizarrement nous commençons à nous comparer à un garde manger géant pour ces habitants nullarboresques.
Les deux journées suivantes se composeront de la même manière avec un étonnement inarretable.

Nous avons roulé sur la plus longue ligne droite d'australie, 146,6km tout droit, c'est très long.

Elle nous fera passer la frontière du Western Australia pour arriver dans le South Australia. 

C'est a Eucla. Nous nous y baignerons pour la dernière fois dans le WA.

La véritable plaine du Nullarbor n'existe que sur une centaine de kilomètres, là où il n'y a aucun arbre à l'horizon. C'est impressionant de se retrouver au milieu d'un désert vert. Ça apporte un sentiment de vide. Tellement, peut être, que le soir nous ferons un festin de roi, car le lendemain, une fois sorti du nullarbor nous aurons un checkpoint à passer où nous devrons laisser nos fruits et légumes ainsi que le miel à ceux qui gardent le point de controle. C'est une histoire de contamination entre les états. Du coup, grosse poellée de patate à l'ail et salade de carottes pour tout le monde.


Le troisième jour nous arrivons à Ceduna, ville étape de la fin des 1700km de lignes droites. Nous y ferons des courses, content de retrouver la civilisation. Nous partirons à Streaky Bay, au sud, pour y voir une tempête qui nous ravira après toutes ces chaleurs du désert. Ca sera le picnic de séparation avec Jérome et Déborah.
Nous, nous partons à Port Lincoln pour y trouver du travail.


 Comme le dit l'adage, "plus tu cherches moins tu trouves" cette ville servira à nous remettre d'aplomb sur la route de Melbourne. J'y cuirai des pâtes à l'eau tiède, recette que je breveterai un jour. Nous dormirons au coin le plus éloigné de la ville, car il y a des dauphins qui surfent sur les vagues la bas.


Après ça commencent les soucis pour WoonJa qui nous avait plus ou moins épargnée depuis Esperance.
L'embrayage lâche. Le garagiste répare la pédale. Je m'enerve contre son manager car il n'a pas réparé ce que je lui avait demandé. Le ton monte. Il me menace. Rien n'est fait et nous nous sommes fait voler 200 dollars par ce garage. Nous perdons ensuite la 2e et 4e vitesse. Nous cherchons tout de même du travail sans succès. Les tensions commencent à ressortir. Mais nous passerons au delà de ça. Nous prenons la décision de partir pour Melbourne sans détour et le plus vite possible. Nous perdons la 1ère vitesse. Adelaide aura été un cauchemard.
Nous ferons 1400km avec deux vitesses. En esperant que nous n'aurons pas à abandonner WoonJa sur la route. Nous sommes prets au cas ou. Nous déciderons tout de même de passer par la Great Ocean Road. Bien nous en a prit, tout changera à partir de la bas.


samedi 30 mai 2015

Cape Legrand & Rencontres

La route pour Cape Legrand est vide. Nous sommes seuls au milieu de bush, à droite comme à gauche. Rien aux alentours. Ni devant ni derriere. Seule la route, droite, nous nargue. D'ailleurs à force de regarder à gauche, nous ne voyons pas le checkpoint à droite où nous sommes supposés payer 12$ par voiture. Nous ferons ça au retour. Si on y pense.

Les émos, vu une fois sur la route

Nous arrivons au camping de Lucky Bay, après avoir contourné Frenchman Peak, un rocher posé a une centaine de mètres de hauteur sur une colline. Sacré rocher tout de même, on le voit de loin.
Premier signe de vie, un 4x4. Dedans notre premier ranger, très sympathique, très habitué des backpackers qui ne veulent pas trop payer, et en fermant les yeux nous laisse dans les bras du volontaire en charge du camping. Lui ne fermera pas les yeux et nous demandera 10$ par personne pour arreter la voiture et poser notre tente.
Nous retrouvons le van coloré,  et avec les filles, nous allons nous balader dans la baie.
Imaginez une plage ronde. Seul un petit espace laisse rentrer l'eau dans la baie. On peut marcher d'un bout à l'autre, et en presque une demi heure de marche, nous parvenons a ce que l'on pourrait qualifier de quart de la plage. La baie est grande.
J'ai marqué dans mon calepin ces termes : "Une vague ronde de 4km de diamètres toutes les 2 secondes. Du sable blanc qui crisse. Des pieds qui s'enfoncent. Et des petits points au loin, plus courageux que nous, qui semblent être des humains. Cet endroit est merveilleusement magique. " C'est sûrement les premiers mots qui me sont venus en tête.
Une vue de presque Lucky Bay

Le soir, nous faisons la rencontre des autres campeurs. Des anglais, des écossais et des australiens en pagaille. Nous faisons à manger au milieu des occupants du bus de Scotty, qui est guide sur les routes d'australie. Il passe sa vie à montrer l'australie, de long en large en travers, en conduisant son bus. La vie n'est elle pas merveilleuse de ce point de vue ?
Nous descendons faire de la musique sur la plage. Pierre à la guitare, moi au didgeridoo et les filles dandelinant au son du rythme que nous commençons à bien connaitre, à force de nous entrainer.
Là,  surprise, les occupants du bus descendent à leur tour, les bras remplis de tubes en plastiques qui servent de didgeridoos. Instant de gloire, où j'explique à ces braves gens comment souffler dedans.

C'est à ce moment précis que se passe une chose incroyable, inimaginable et inoubliable.
Je suis en train de jouer du didge les yeux fermés et j'entend les voix des autres qui s' estompent peu à peu. Je met ça sur le compte de la méditation dont le didgeridoo me fait atteindre. Cela m'arrive souvent de "déconnecter de la réalité" lorsque je joue. Mais j'entends d'autres sons, des espèces de frottements sur le sol. Cela me perturbe, et je m'arrete de jouer. J'ouvre les yeux, et là autours de moi, un autre genre de public me regarde de leurs yeux hagards et lointains. Une petite huitaine de kangourous m'a entouré et m'écoute jouer. Je continue donc de jouer, et lorsqu'ils se sont lassés, ils partent en trainant la queue, mais je les suis. Je ne sais combien de temps j'ai joué de la musique au musique au milieu de ces kangourous, pas du tout effrayés par moi. Cela a du arriver un nombre incalculable de fois à un nombre incalculable de personnes, mais cela restera un moment gravé a vif dans mes souvenirs.

Esperance sous un coucher de soleil enflammé

Après 2h de sommeil, WoonJa ne veut plus passer les vitesses. C'est le début d'une longue et patiente guerre entre elle et nous. Nous la réparons en urgence, car nous voulons partir rapidement en direction de Norseman et de la plaine du Nullarbor. Avec beaucoup de chance et d'incompréhension dans nos gestes, WoonJa repart avec les vitesse qui forcent mais qui passent quand même.
Autre souvenir incroyable. Nous voyons le ranger nettoyer les toilettes du camping. Dans ce pays, personne ne rechigne à faire ce qui doit être fait.
Nous faisons quelques kilomètres et nous arrêtons à Hellfire Beach, l'une dez plus belles plages qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie. Nous nous baignons sous un cagnar pas possible, dans des vagues qui nous donnent l'impression d'être dans une machine à laver.

Hellfire Beach

Puis nous partons sur une autre belle plage déserte pour siester.
La vie est dure dans ces conditions, non ?

Hillier Island, vu de Esperance, Lever de soleil

À notre retour à Esperance, alors que je suis en train de me doucher au vu et au su de tout le monde, m'en fout l'eau est chaude, je fais la rencontre de 4 français très particuliers. Au premier regard du premier arrivé, je sais que nous allons passer du temps ensemble. Je n'aurai pas pu imaginer à ce moment jusqu'à quel point mon intuition allait s'avérer vrai.
Au détour d'un supermarché, je fais la rencontre de deux lascars français. Cela me parait tellement surnaturel que je passe du temps à discuter avec eux. Puis je récupère Pierre, et ensemble nous allons au camping gratuit.
Surprise, une de plus, les français sont déjà là. Mais ils sont 5 en fait. Une était cachée dans le van. Nous passons la soirée ensemble. Alex, Jérome, Déborah, Vincent et Morganne s' en vont pour Cape Legrand le lendemain. Le contact passe bien. Nous nous donnons rendez vous quelque part sur la plaine du Nullarbor, ces 2000km de rien.
Mais finalement nous prenons le thé ensemble le lendemain. Et même un peu de jongle.
Lever de soleil sur le free camp

Nous partons faire de la musique sur la rue principale de la ville, et nous chantons à tue tête avec Pierre. Nous faisons quelques bracelets. Et nous voilà de retour dans une capricieuse WoonJa, qui semble savoir que nous allons en direction de Nullarbor.
Comble de malchance, bonheur de route, nous ne saurons jamais, nous nous faisons arrêter par la police du Highway, qui sans nous prévenir, arrache nos plaques d'immatriculation, sans concession et avec fermeté. La voiture n'est pas enregistré au comté, donc sans assurance, et croyez moi c'est un bazar l'australie pour ça. Nous attendions que l'ancien propriétaire s'occupe de payer ses impayés, cela nous aurait éviter de payer un controle technique obligatoire et une nouvelle registration de plusieurs mois.
Qu'importe, nous sommes au milieu de nule part, à 200 bornes du premier patelin. Les policiers sont amicaux, et sans amendes, nous laissent repartir jusqu'à Norseman où nous devrons refaire les papiers de la voiture, pour de nouvelles plaques.
200 kilomètres sans plaques. Totalement illégal. Nous esquivons le caravan park où les flics nous avaient "conseillé" d'aller, et nous nous cachons dans le bush pour y passer la nuit.
Un beau specimen, se rotissant au soleil

Aux premières heures du jour, nous sommes déjà de retour à Norseman, pour une douche dans la Caltex station service. Et nous arrivons devant les portes du comté avant même son ouverture. Coincidence ou pas, nous tombons sur Margaret, qui veut absolument nous aider à repartir.
WoonJa a une amende de l'ancien proprio, que nous faisons sauter, et nous obtenons un permis spécial pour conduire jusqu'au pit (le controle technique) qui est a 200km de là, à Kambalda. Ce que nous faisons immédiatement.  Nous y rencontrons Ross et son patron, qui en plus de nous faire accepter WoonJa au pit, nous répare une roue qu'on risquait de perdre sur la route, et nous mettent un coup de poliche.
Ce pays n'est il pas incroyable de générosité ?
Tout est ok pour avoir la régo (la carte grise). Nous célébrons ça en lachant notre stress sur un Sunday light weight and watch, et des bières que nous boirons le soir, une fois de retour à Norseman.
400 kilomètres aller retour, sans plaques, légales.
Le matin, après 12h de sommeil, nous partons chercher les plaques, remercions Margaret chaleureusement, et les fixons sur WoonJa. Matinée shopping, forcément, 2000km de désert ça se prévoit. Cette journée aura été la plus chaude jusqu'à présent.  Pas loin de 40° à l'ombre, nous ne pouvons pas bouger, ce que nous faisons très bien. Retour dans le bush, après une machine à laver, des chants en l'honneur d'un sol glissants et nous voila prêts pour partir le lendemain matin.
21h, Pierre est couché, et mon téléphone sonne. En décrochant, j'entend une voix dans l'écouteur et une autre à 50 mètres de moi, la même qui me demande "est ce que vous êtes là ?".
Alex, Jérome et Petite Boussole nous ont rejoint. Le nullarbor n'a qu'à bien se tenir nous arrivons.
Prochaine étape : C'est toujours tout droit !

mercredi 29 avril 2015

Albany et finalement sur la route !


Nous arrivions dans la grande ville d'Albany, ne voyant pas les confins de ces rues qui semblaient partir dans tous les sens. Après un aller retour dans la rue principale, nous prenons conscience que la ville ne nous réussit pas si bien que ca, et nous semblons être perdus, sans repères.
Alors, pour échapper à cela, nous allons en direction de la mer. Mais la baie d'Albany est immense et pour aller à la pointe d'en face, où nous pensons que le point le plus éloignéest à une dizaine de kilomètres, nous mettons 30 minutes. Oui plus de 25km pour accéder à ce que la carte nous montre comme étant Frenchman Bay, la presqu'île d'Albany. Ce n'est pas la première fois que nous voyons un French dans un nom, nous apprendrons plus tard, une fois à Esperance, le pourquoi du comment.
Nous arrivons à cette fin de route, où nous trouvons un petit coin paradisiaque, sable blanc et petits palmiers, personne aux alentours, et une bière fraiche, plus ou moins, en main.
Deux choix s'offrent à nous. Dormir à cet endroit, avec le risque de voir le ranger nous dire bonjour le lendemain matin au reveil, où alors dormir chez Rémi, un couchsurfer rencontré sur le site Internet. Les deux choix sont tentants, et nous décidons d'aller voir Rémi, qui habite là depuis quelques mois, pour avoir un panel de choix pour le lendemain.
Rémi est un Francais qui habite avec une Taiwanaise, dont j'ai oublié le nom. Il possède un grand sens de l'humour, assez particulier, et a une grande culture générale. Nous cuisinons végétarien pour leur faire découvrir que la viande ou le poisson n'est pas un ingrédient nécessaire. Pas facile pour la culture asiatique d'entrevoir cette idée, et tous deux semblent apprécier le repas. Nous veillerons tard avec Rémi, qui apparait heureux de pouvoir parler français,  et nous partirons tôt le lendemain matin vers la librairie. Puis vers 11h, Albany ne nous interesse pas plus que ca, et le choc foret-nature-bush contre la ville est beaucoup trop rapide. Du coup, nous regardons la carte de l'Australie, et, ô incroyable, nous n'avons rien fait, il reste encore tant d'espace avant d'arriver à Melbourne. Certes nous avons plus de 5 semaines, mais nous n'avons fait qu'un dizieme en une semaine. Ce qui risque d'être long à cette allure là. Alors nous partons vers Esperance qui nous parait déjà être une bonne étape.

Pierre sous le soleil sans fin d'australie

Et nous revoila sur de longues lignes droites sans fin. La conduite en devient monotone dans le bush. Et longue. Mais les vans et les road trains (semi remorques avec 3, 4 ou 5 remorques à l'arrière, certains font plus grand que 80 metres de longs, et le plus grand que nous ayons vu possedait 88 roues. Il y en a beaucoup sur les highways, les autoroutes qui quadrillent l'australie, et les plus grands qui ne peuvent pas freiner fortement sont obligés de décèlérer une quizaine de km avant l'entrée des villes ou des stations services. Nous nous sommes fait doubler des bonnes dizaines de fois sur tout le trajet par ces road trains) nous égayent la route.

Des tortues, où que je regarde...

Nous mangeons à coté d'une rivière presque à sec, et décidons d'aller à Point Ann, sur recommandation de Francesco, pour y passer la nuit. Point Ann est un camping assez loin du highway, et lorsque la route commence à se transformer en chemin de terre, nous arrivons un peu plus tard à un checkpoint. Les checkpoint des parcs nationaux en Australie ne sont pas gardés, seuls des panneaux d'information indiquent le prix à payer par voiture et par personne pour le camping. Une enveloppe est laissée à la disposition des gens pour qu'ils puissent payer. Nous ne payerons pas, mais serons reprimandés d'une autre manière. Nous apprenons un mot "corrugated" qui veut dire "ondulé". La phrase marquée à la craie, un peu à la manière d'un film d'horreur, nous dit "road to Point Ann, extremely corrugated" (route pour Point Ann, extremement ondulée). Pour nous, WoonJa est capable de passer au dessus de tout, mais nous aurions dû faire confiance au jugement de l'australien, un ranger sûrement, qui a dit "extremely".
Grossière erreur. 10km/h sur 30km, et encore quand je roulais vite. La route la plus ondulée de ma vie. C'était des gouffres entre les rainures de la route. Il fallait qu'on ait vraiment envie d'y aller. On s'est sérieusement posé la question. Et là c'est quand nous sommes arrivés au croisement. Devant nous, le highway, 50km. Derriere nous, la partie du highway que nous avions quitté, 44km dont 14km de routes défoncées. A droite, Point Ann, 16km. Après une brève hésitation, et un fou rire d'un mec en 4x4 qui nous a croisé, WoonJa et nous, la décision de continuer coûte que coûte nous a amené jusqu'à Point Ann et son camping.

Pierre et moi même sous de belles couleurs

Nous étions seuls. Nous avons garé la voiture, marché sur la plage, profité de la tranquilité de l'immense plage de sable blanc, fait de la musique, fait à manger sur les barbeuc géants au gaz, et installés un campement à la belle étoile sur la plage. Ce fut une belle pleine Lune. Et le réveil au petit matin, aux premières lueurs, avec un thé chaud, a marqué d'un point fixe notre première nuit dehors sur la route de Melbourne. Le temps d'en profiter, de faire un jogging et de ranger tout le barda, nous sommes repartis pour 70km de routes corrugated à extremely corrugated. C'est là qu'on s' aperçoit que ce pays est vraiment grand et vide.
Depuis presque 2h, nous n'avons vu que du bush et des animaux qui vivent avec ou dedans. C'est un sentiment difficile a exprimer par des mots. Il faut être ici pour comprendre le mot "Grand", et cette immensité de rien.
Prochaine étape sur la route, Hopetoun, la ville de l'Espoir, du moins c'est ce que son nom indique. Nous l'attendrons pour y manger. Et ce n'est pas exactement ce que nous attendions.
Rien ne semble être vivant à part les mouettes et les joueurs de cricket. Nous mangeons sur la plage et jouons à protéger notre repas des mouettes affamées. Après nous être demandé ce que nous faisions là,  nous décidons de partir pour Esperance dès la fin des sandwiches.

Elephants Rocks, les caillou aux formes faciles à imaginer

En partant, alors qu'aucun signe de vie ne s'était manifesté, nous croisons un van multi coloré et décidons instantanément de les poursuivre pour leur demander ce qu'il y a vraiment à faire dans le coin. La course poursuite dure longtemps vu que les conducteurs du van bombardent sur l'accélérateur. Puis le van fait demi tour et nous les arrêtons au beau milieu de la route. Ce sont deux australiennes en road trip qui nous répondent qu'elle suive la côte pour aller sur toutes les plages. Nous retournons chercher de l'essence avec une machine bizarre pour payer, et nous choisissons une plage au pif. Le van des filles est là. Nous faisons une quête aux coquillages, car la plage est magnifique et les coquillages le sont encore plus. Puis nous retrouvons les filles, Nomes et Nina, avec qui nous papotons et nous baignons. Puis, tous ensemble, nous faisons plusieurs plages jusqu'à trouver un camping où nous passons la nuit. La soirée éclairée au bougie et au clair de pleine lune sur la plage, est musicale. Première nuit froide en hamac.
Le lendemain matin, après une partie de pétanque, nous partons en direction d'Esperance. Beaucoup de plages sur la route, et nous perdons de vue les filles qui roulent beaucoup plus vite que nous.
Après Hopetoun "la ville de l'espoir" voici Esperance. Encore beaucoup d'humour australien.
Il est Dimanche, donc tout est fermé. Nous nous balladons dans la ville et apprenons soi disant que les plages d'Esperance sont les plus belles du Western Australia. Forcément nous y allons. Blue Heaven plage, à coté de Twilight Beach. Il fait pas beau, et il y a du vent, difficile de se forger un avis objectif. Nous rentrons sur Esperance et trouvons l'esplanade, un endroit où l'on peut se garer, manger, doucher à l'eau chaude, toilettes, et rencontrer des backpackers. Comme nous ne savons pas du tout où dormir, on nous fait découvrir l'application WikiCamp, celle qui dit tout sur tout, de partout, et surtout les trucs gratuits. Une pépites. Un must to have. Nous rencontrons une dame originaire de cette ville qui nous apprend que les gens collaborent beaucoup avec la police en balançant particulièrement les backpackers. Elle nous dira même la superbe phrase qui nous restera avec Pierre "if the ranger doesn't catch you, good on you, good on you" ( si le ranger ne vous attrappe pas, tant mieux pour vous ) (Good on you est la phrase australienne de réference avec No worries).
Nous recroisons les filles et décidons d'aller au seul camp gratuit d'Esperance où une collection de vans blancs sans personnalité est déjà en train de sièger pour la nuit. Nous boirons notre premier vin rouge du voyage. 20$ la bouteille, ca correspond à du 1€ en France. Dur.

Extrait de mon calepin, le enième depuis mon arrivée

Le lendemain, nous tenterons de trouver du boulot en vain, ce patelin n'est pas pour nous. Mais bous rencontrerons Julie, une vendeuse d'un magasin de seconde main qui nous donnera des bons tips pour Melbourne. Des copains plus tard nous dirons qu'elle leur a parlé de nous. Nous sommes connus où que nous allons. Nous mangeons à Twilight Beach, jouons de la musique dans la rue et gagnons nos premiers 8$ de chapeau !
Puis, lassés de cette ville, nous partons pour Cape Legrand, où tout commencera à se bousculer, et où notre voyage prendra enfin l'aspect d'un véritable road trip, et non de vacances. Esperance est à 1200km de notre point de départ. Il nous reste 4000km avant Melbourne.

lundi 6 avril 2015

Denmark & Nature omnipresente

La route prise, nous voilà en dehors de Margaret River, douce et attachante ville. Le voyage commence sur la création d'attrapes-rêves et de bracelets bresiliens. La route, Caves Road, est l'ancienne route qui suit l'océan.


Une erreur d'orientation nous fait arriver à Pemberton,  tout petit patelin de quelques pas beaucoup d'habitants.
Là,  il y a les vestiges de ce que fut un temps la sécurité des incendies. Nous marchons dans la forêt jusqu'à trouver les arbres immenses que nous cherchons. Autours d'eux sont incrustés des barres de fer, qui construisent un escalier pour monter à la cime, où une cabane attend ceux qui ont le courage de se retrouver à plus de 60m de hauteur, sans filet de sécurité. Mais la vue y est imprenable, et l'on peut distinguer d'autres arbres, de la même fonction, au loin. Auparavant, les avions et les hélicopteres n'existant pas, il était nécessaire de monter à ces arbres pour surveiller tout risque d'incendie. En Australie, les feux de forêt sont ravageurs et gagnent rapidement du terrain.
Bon, à ce moment là, moi, devant l'arbre, je ne me sens pas de monter, mais il parait que la vue y est incroyable. 58m de hauteur, c'est tout de même pas rien.
Nous continuons la route, avec l'espoir d'arriver à Denmark, notre première étape, avant la nuit.

Première pleine Lune, Denmark, WA

Nous traversons une forêt qui a brulé il y a quelques semaines, et les arbres carbonisés encore fumants, nous regardent d'un air triste. L'atmosphère d'une forêt, qui jadis devait être merveilleuse, une fois brulée est étrange,  voire même perturbante.

Routes dite "Ondulées"

Nous roulons vraiment doucement de peur d'abimer un kangourou avec WoonJa car la nuit tombe très vite, et nous ne sommes pas encore arrivés. Puis la route MacLeod (oui comme Conrad, apres avoir vu la désolation de la forêt disparue, la vie nous envoie son signe d'immortalité pour prouver une fois de plus la superiorité de la planète Terre) se montre sur notre gauche. Au bout nous y trouverons la maison d'un italien, Francesco, d'une française, Marie, et de leur deux filles Australienne, Laura et Chloé. Ce sont des amis d'amis et nous ont été chaudement recommandés. Laura me fait beaucoup penser à ma nièce Julia avec qui j'ai joué au mêmes jeux lorsqu'elle était plus petite. Je me rend compte avec ces petites choses de la vie à quel point certaines personnes peuvent vous manquer.
Quoi qu'il en soit nous tombons à pic, car ils doivent partir pour le weekend, et nous faisons notre première expérience de dog sitting en Australie. Nous devons donner a manger à Sacha leur chien pendant leur absence de 4 jours. C'est en même temps du House Sitting (gardiennage de maison), ce qui nous fait une double expérience à rajouter sur le CV.
Pendant ces quatres jours, un nous servira à profiter d'un toit,  d'un vrai lit, d'une cuisine, et d'une salle de bain, tout en ayant la terrasse et l'écran géant. Ah oui, ai je besoin de préciser une fois de plus que nous sommes au milieu du bush, de la foret et rien autours a moins de 10km ?
Un deuxieme jour nous servira à aller découvrir les plages environnantes, comme la plage de Conspicious Cliff où nous conquerirons une colline imprenable défendue par des buissons à ronces et des serpents venimeux, mais une fois en haut, la vue est admirablement merveilleuse. Nous sauterons jusqu'en bas à l'image parfaite de kangourous. Et nagerons dans l'océan à l'image parfaite de poissons, nus.

Yoga sur La colline imprenable de Conspicious Cliff

Il y aura aussi la baie des éléphants, où d'immenses rochers se dissimulent sous des traits éléphantesques. On ne sait jamais, peut être ont ils peur de leur condition de rocher. Nous verrons Peaceful Bay, pas de beaucoup mais le nom fait rêver.

L'intérieur d'un Tingle Tree

Un troisième jour nous fera aller à la Vallée des Géants. Les géants, ce sont des Tingles. Je ne connais pas le nom français,  mais si quelqu'un peut nous le partager, je l'en remercie d'avance. Les tingles sont des arbres sur-arbres, voire peut être même les ancêtres de Super Arbre, le super héros des arbres. Il faudrait 10 personnes essayant de l'entourer, les bras tendus, pour faire le tour complet de chacun d'entre eux. Et cela pour les plus jeunes. Les plus vieux sont surprenants de gigantisme. On pourrait y faire rentrer à l'interieur (car beaucoup ont brulés de l'intérieur)  des vans et peut être même camper à plusieures tentes.
Dans cette Valley of the Giants, était un parc. Dans ce parc était un site payant. Dans ce site payant était une vue à 15m de hauteur sur des ponts métalliques. Dans cette idée,  il fallait payer 15 dollars chacun pour voir ce que nous pouvions voir dans cette immense forêt tout autours. Vous comprendrez qu'on a préféré aller se ballader gratuitement autours. Cependant il y avait une partie gratuite, où nous pouvions voir quelques arbres centenaires, comme Grand'Ma, un Tingle à Lunettes. J'ai laissé l'esprit d'un arbre jouer avec mon didgeridoo, et de son intérieur (littéralement puisque j'étais dedans) vibrera un long et envoûtant message qui saisira toute vie aux alentours. C'est la première fois que je comprend le langage d'un arbre au travers de mon didgeridoo (Pour ceux, sceptique et tout autre non reveur, ce n'est bien évidemment pas l'arbre qui soufflait dans mon didge, c'était bien moi, mais en très profonde méditation au coeur de cet arbre, j'avais la sensation que l'arbre me guidait dans les vibrations, ndlr).

Grand'Ma Tingle

Dans cette journée,  j'ai également pu conduire un bateau attaché en remorque. Hé ouais, c'est pas tous les jours que ça m'arrive. Un petit catamaran que l'on a amené à Walpole pour les besoins d'une course.
Nous avons aussi croisé un chemin pédestre qui suit la côte ouest et part au Sud. Un ancien chemin aborigène,  semblerait il.
Une quatrième journée nous fera nous ballader et découvrir la vie locale. Nous découvrirons la pétanque locale, appelée le jeu de "ball". La balle est légerement ovale, et sept fois plus grosse qu'une boule. Les participants sont a 30 mètres du jeu et essaye par équipes de se rapprocher de la balle centrale. Moyenne d'âge, soixante dix ans.

Plage de Conspicious Cliff et ses fleurs du bush

Nous irons nous ballader du coté de Monkey Rock, que nous ne verrons pas, car il se faisait tard, et nous n'aimons pas conduire la nuit ici. Et nous verrons William Bay, magnifique mer, où nous ferons la découverte des "Blowholes". Ce sont des falaises. En haut il y a des trous qui descendent jusque dans l'océan. Et par un phénomène de vagues et de marées, l'eau s'engouffre dans les entrées du bas, et remonte pour créer des geysers au niveau des sorties du haut. La mer est à une cinquantaine de mètres plus bas, cela doit créer une sensation étrange et impressionnante. Cela "doit", car l'océan n'en faisait qu'à sa tête, ne recrachait que des jets d'air par ces trous.

Blowholes, "trous qui soufflent"

Les deux jours suivants, nous resterons avec la famille, et nous irons même jusqu'à faire des pizzas dans leur four à bois. Sept exactement, et une nutella banane noix de coco, et macadamia brisée on top !
Alors que nous nous disions que nous devrions repartir un jour où l'autre, est arrivé un homme d'une soixantaine d'années qui après avoir parlé avec nous, nous offre une journée de travail, pour peindre quelques murs chez lui. Nous aurons même droit à du fromage pour le repas. Et du vrai.
Ensuite, quelques nouveaux sous en poche, nous décidons de partir pour Albany.
Oui, l'australie a de l'humour. Ou un manque d'inspiration.
Apres Denmark, voila donc Albany. La route n'est pas très longue, ni très belle, et Albany a l'air immense.
L'Est nous appelle, et nous avons un sourire qui dépasse largement nos espérances.